D’Annunzio, Gabrielle – La régence italienne du Carnaro

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La tentative, par Gabriele D’Annunzio, de donner une constitution révolutionnaire à la ville de Fiume n’eut pas de lendemain. Elle fut étouffée dans l’oeuf. Ni les capitalistes, ni les communistes n’avaient intérêt à laisser s’instaurer, fût-ce dans les étroites limites de la régence du Carnaro, un nouvel état de choses qui risquait de faire tache d’huile et de se répandre au dehors. Les historiens qui analysent l’équipée de Fiume n’ont mis en avant que le heurt des revendications territoriales italo-yougoslaves, le conflit des délégués avec les chefs de l’Entente à la Conférence de Paris, le duel de D’Annunzio avec le gouvernement de Rome. Mais cela suffit-il à tout expliquer ? Est-il interdit de penser qu’à l’arrière-plan une conjuration tacite se soit nouée entre le capitalisme et le communisme pour écraser, avant qu’il ne soit trop tard, une initiative qui paraissait préjudiciable à leurs intérêts respectifs ? Cela expliquerait l’acharnement de Giolitti à chasser D’Annunzio de Fiume, fut-ce au prix d’une hécatombe qui ne s’imposait pas. Ne fallait-il pas ruiner son « projet de constitution » avant qu’elle n’ait le temps de s’imposer aux esprits ? Nous ne possédons aucune preuve de ce que nous avançons là, mais une hypothèse de ce genre n’est nullement à exclure. Nous avons vu, depuis lors, bien d’autres alliances de ce genre…

Jacques Benoist-Méchin

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