La particularité du squadrisme est d’être un moment charnière entre l’engagement de l’Italie dans la Première Guerre mondiale et le revirement qui mène le pays vers le fascisme. Il relève donc à la fois de la guerre et de la politique, et montre comment une mentalité issue des tranchées se manifeste après la guerre et trouve appui dans le mouvement fondé à Piazza San Sepolcro en mars 1919.
En tant que garde prétorienne du fascisme et milieu à part entière, le phénomène squadriste est un lieu où s’est formée une mentalité caractéristique d’un groupe humain possédant ses propres valeurs et principes, à la croisée de l’engagement combatif et de la lutte politique. Traiter de la culture politique et de la « culture de guerre » des squadristes place d’emblée ce livre dans l’analyse des sensibilités des acteurs de cette période troublée de l’histoire italienne. Prendre la voie de l’histoire des sensibilités et adapter ses principes à une analyse du squadrisme, et plus largement du fascisme, est sans aucun doute un moyen de renouveler les nombreuses questions entourant la genèse des mouvements de droite radicale qui émergeront dans l’Europe de l’immédiat après-guerre.
Une approche ethnologique du squadrisme enfin permet d’isoler ses membres et de mettre en lumière ce qui en fait un ensemble de personnes absolument distinct du reste de la population italienne des années 1920. Cette approche souhaite par-là donner une autre vision du squadrisme, en misant avant tout sur ses caractéristiques culturelles, mystiques et symboliques, qui font qu’il porte en lui de nombreuses caractéristiques du fascisme comme culture.